Sans conteste, juillet 2023 est un moment qui restera gravé dans l’histoire des réseaux sociaux. En début de mois, Meta inaugurait en grande pompe Threads, son nouveau réseau social.

Depuis de longs mois, le groupe de Mark Zuckerberg travaillait en secret sur ce projet. Ce n’est qu’en mars dernier que de premières informations, très vagues, ont été officialisées du bout des lèvres. Meta évoquant alors dans un communiqué vouloir lancer « un nouveau réseau social décentralisé et indépendant permettant de partager des messages écrits en temps réel ».

Avant même d’apercevoir les premières images, de nombreux experts en marketing, nous les premiers, étaient unanimes. Meta se décide à lancer une offensive contre un de ses grands rivaux, Twitter 🚀

Il faut dire que depuis son rachat par Elon Musk, l’ambiance n’est pas au beau fixe pour le célèbre site de microblogging.

Twitter bat de l’aile, le nouveau réseau social Threads en profite 

C’est la dernière fantaisie en date d’Elon Musk. Le 23 juillet dernier, le milliardaire américain a annoncé vouloir modifier le nom et l’identité visuelle de Twitter. Adieu le petit oiseau bleu, présent depuis la création du réseau en 2006, place désormais à un logo X blanc avec une barre un peu plus épaisse que l’autre.

Nouveau logo de X tweeté (ou devrait-on dire “X-é” ?) par Elon Musk

Depuis que Twitter a été acheté pour 43 milliards de dollars en novembre 2022, le PDG de Tesla enchaîne à un rythme effréné les effets d’annonces et les décisions drastiques 🤯

Des Twittos de plus en plus désabusés 

Comme nous avons pu l’analyser dans notre livre blanc sur les meilleures campagnes Social Media 2022, Twitter, à l’instar de Twitch, possède une communauté aux codes bien spécifiques. Cette dernière est considérée comme plus mature et très attachée à aux libertés d’expression, d’action et d’information. 

Dès son intronisation fin 2022, Elon Musk a quelque peu brusqué les utilisateurs de Twitter par sa volonté de monétiser coûte que coûte le réseau. 

Par exemple, il a rapidement transformé la vérification de compte en service payant, puis a annoncé ensuite que le populaire service TweetDeck ne serait bientôt plus disponible que pour ces comptes payants 🤑

Dans le même esprit, Twitter a restreint en juin dernier le nombre de tweets visibles par jour pour les utilisateurs non abonnés. Si l’on s’acquitte de 9,60 euros par mois, il sera possible de consulter 10 000 tweets par jour, les autres devront se contenter de 1000 tweets. 

Twitter : une censure à double vitesse 

En plus du licenciement de la quasi-totalité des équipes de modération des contenus à son arrivée, qui a été assez mal perçue, Elon Musk a ébranlé de manière autoritaire la sacro-sainte règle de la liberté d’expression régnant sur le réseau.

Après avoir opéré une amnistie sur de nombreux comptes suspendus avant son arrivée, notamment pour avoir tenu des discours haineux, le nouveau PDG de Twitter a suspendu de nombreux comptes de journalistes américains (CNN, The New York Times, Washington Post, etc). 

Leurs torts ? Avoir trop critiqué dans leurs articles la nouvelle gestion de l’entreprise par Elon Musk 🗽

Devant le tollé suscité par cette censure, Elon Musk a fait marche arrière en réactivant les comptes concernés. Néanmoins, l’événement reste dans les mémoires. Pour de nombreux twittos à travers le monde, le milliardaire était en train de saborder leur réseau social favori. 

Des investissements publicitaires en baisse sur Twitter

En plus des utilisateurs, Elon Musk semble être également parti en croisade contre ses partenaires. En juin dernier, Microsoft a annoncé que sa plateforme de gestion des réseaux sociaux ne prendra plus en charge le réseau social. La cause ? La volonté d’Elon Musk de faire payer pour l’API de Twitter 42 000 dollars par mois pour un service qui était auparavant… gratuit. 

Résultat des courses, en plus de Microsoft, de nombreux développeurs d’applications tierces, mais aussi des chercheurs et des data analyst, ont annoncé quitter la plateforme. 

Au final, malgré cette transition à marche forcée vers un modèle payant, la valorisation boursière de l’entreprise n’a jamais été aussi basse et les revenus publicitaires du site ont plongé de 59 % aux États-Unis en cinq semaines 📉

Entre décisions fermes et rétropédalages, Elon Musk semble avoir pris les particuliers et les professionnels utilisant Twitter à rebrousse-poil.

C’est dans ce contexte, plutôt chaotique, que Meta a décidé de passer à l’offensive pour séduire les utilisateurs en fuite. Un timing opportun, puisqu’une semaine après son lancement, Threads comptabilisait déjà plus de 100 millions d’inscrits. Un démarrage record qui supplante même celui de ChatGPT.

Dans les entrailles du nouveau réseau social Threads

Disponible sur la forme d’une application (iOS et Android) Threads se décline aussi en une version PC, mais comme Instagram, celle-ci n’a qu’un objectif consultatif. 

Lors de son lancement, Meta décrivait son nouveau réseau social comme « une application de conversation au format texte d’Instagram ». Dès les premières images du réseau, il était facile de se rendre compte que la véritable inspiration de fond du nouveau réseau social Threads était à chercher du côté de Twitter. 

Threads n’est pas encore disponible en Europe

Si Threads demeure pour le moment indisponible sur les magasins d’applications en Europe, c’est parce que le réseau n’est pas encore en conformité par rapport aux lois concernant les marchés et services numériques (DSA et DMA). 

Plus strict qu’aux États-Unis, les réglementations du Vieux Continent ont repoussé de quelques mois l’arrivée officielle de Threads. Selon toute vraisemblance, la nouvelle appli de Meta devrait arriver en début d’année 2024 dans nos contrées 🗓️

Cependant, il a été possible durant presque deux semaines de contourner cette absence en passant par des chemins de traverse. Soit en téléchargeant un fichier APK pour les smartphones Android, soit en passant par un compte iOS localisé aux États-Unis pour les smartphones d’Apple, comme l’explique le site tech Presse Citron. 

Depuis, Meta a définitivement verrouillé l’accès de son appli en Europe, sous peine de devoir payer de lourdes amendes. Néanmoins, nous avons pu tester le réseau en avant-première pendant les premiers jours. Voici notre retour d’expérience. 

Threads - homepage

Comment fonctionne Threads ? 

Autant dans sa conception que dans son fonctionnement, Threads reprend indéniablement les grands principes de Twitter. 

Ce nouveau réseau social permet de publier des textes de 500 caractères maximum.

Pour rappel, son concurrent limitait cet espace à 140 caractères, avant de l’élargir à 280 caractères. Les utilisateurs de Twitter payant un abonnement peuvent quant à eux créer de très longs tweets de 25 000 caractères.

Première observation importante, le nouveau réseau social Threads propose donc gratuitement presque deux fois plus d’espace que Twitter pour s’exprimer. 

Dans leurs messages, les utilisateurs de Threads peuvent inclure des liens, des photos et des vidéos d’une durée maximale de 5 minutes. Il est également possible de partager une publication Threads dans sa story Instagram ou sous forme de lien sur le réseau social de son choix 🤓

Threads options de partage

De son côté, le feed est composé par un algorithme qui sélectionne et présente les publications des autres utilisateurs en fonction de vos abonnements, de vos interactions avec les différents contenus, ainsi que des threads que vous lisez. Somme toute, un fonctionnement assez ressemblant aux algorithmes de TikTok avec sa For You Page, de Facebook et d’Instagram.

Feed Threads

Au niveau des actions possibles, là encore, nous sommes très proches de Twitter. Chaque utilisateur peut répondre à un thread, l’aimer, le republier ou le citer. Ces deux dernières fonctions étant l’équivalent du retweet simple ou avec citation.

Une UX séduisante, très inspirée d’Instagram, mais…

Ce qui nous a le plus marqués lors de nos premières heures sur Threads, c’est une certaine similitude d’interface utilisateur (UX) avec les codes d’Instagram. Que ce soit dans l’esthétique ou l’ergonomie, on remarque clairement la patte épurée d’Instagram. 

Par exemple, en bas de l’écran, le bandeau est similaire à celui d’Instagram. Vous pouvez rechercher des comptes, consulter votre fil d’actualité et votre activité, publier un nouveau thread et accéder aux paramètres du compte. Meta fait donc dans la continuité, l’objectif étant que personne ne se sente perdu lors de sa première utilisation 👏

Threads - ergonomie similaire à Instagram

Avec un tel espace d’écriture (500 caractères), poster un Threads est vraiment agréable. On ne sent pas obligé de « compter » ce que l’on a à dire à la lettre près. Pour autant nous avons une légère réserve concernant les aperçus de liens. Selon nous, ils ne mettent pas assez bien en valeur les contenus partagés. Dommage. 

Au-delà de ces ressemblances graphiques, Meta semble vouloir faire de ces deux réseaux de véritables frères d’armes. En effet, notre inscription sur Threads a été rapide et simple puisque nous l’avons effectuée directement depuis notre compte Instagram. 

Par contre, cette interopérabilité entre les deux réseaux est mal exploitée sur deux niveaux. Tout d’abord, nous trouvons regrettable de devoir à nouveau se constituer une audience. 

En effet, suivre toute sa communauté Instagram en un clic est faisable, par contre il est impossible pour le moment de récupérer automatiquement ses followers inscrits à Threads. Un aspect important pour les annonceurs qui devront bien repartir de zéro sur ce réseau 😬

De plus, Meta a fait le choix ubuesque de lier à la vie à la mort les deux réseaux. Comprenez par là, que si l’on supprime son compte Threads, cela supprime également notre profil sur Instagram. 

Ce qui manque encore à Threads 

Sans pour autant communiquer sur une feuille de route, Meta fait savoir que de nombreuses nouvelles fonctionnalités verront le jour dans les mois à venir. Et cela ne sera pas de trop, car pour le moment le nouveau réseau social Threads est encore incomplet. 

Un réseau social encore perfectible 

Lors de notre utilisation du réseau, plusieurs absences ont nui à notre expérience utilisateur. 

  • Il n’existe pas de fonctionnalité de message privé. Nous supposons ici que Meta ne souhaite pas trop marcher sur les plates-bandes de Messenger ou des DM sur Instagram. 
  • Encore plus frustrant, il est impossible d’éditer un Threads. Si on souhaite modifier ou compléter une prise de parole, il faut la supprimer et la réécrire.
  • L’intégration des GIFs, massivement utilisés sur Twitter et depuis peu utilisables en commentaires Instagram, n’est pas encore pris en charge dans les réponses à un Threads. 
  • Contrairement à Twitter, l’absence de hashtags complexifie la recherche sur un sujet spécifique.
  • Enfin, il n’existe pas un fil d’actualité réservé exclusivement à nos followers. Pour un annonceur, il paraît donc pour le moment difficile de créer un lien intime avec sa communauté. 

Pour ces quatre derniers points, Meta annonce que les prochaines mises à jour du réseau permettront de réaliser ces actions. 

De plus, le groupe américain précise également de manière vague qu’il travaille actuellement sur une section « Tendances » 🤔 Histoire de visualiser rapidement les sujets les plus discutés. 

Quel modèle publicitaire pour Threads ? 

Comme sur Facebook et Instagram, le modèle économique de Threads se basera sans surprise sur la publicité ciblée. 

Actuellement, l’application en est dépourvue, Meta préférant se concentrer sur le développement des fonctionnalités et d’ergonomie de son nouveau réseau. Cependant, elle risque rapidement de bientôt pointer le bout de son nez. 

Quoiqu’il arrive, comme aux prémices de Facebook et d’Instagram, scroller sur un feed sans aucune sollicitation publicitaire est agréable. L’ambiance est plus neutre et moins anxiogène 😊

À ce propos, Meta devrait s’inspirer du Twitter pré-Elon Musk, qui a toujours su ne pas trop noyer ses utilisateurs sous un océan de contenus sponsorisés. 

Enfin, nous espérons que Mark Zuckerberg facilitera le travail des annonceurs en intégrant la gestion publicitaire directement sur Meta Business Suite et les outils tiers.

Marques et personnalités, les premiers comptes stars sur Threads 

Malgré ces quelques réticences, il est indéniable que Threads apporte un nouveau vent de fraîcheur dans le paysage des réseaux sociaux. Une nouveauté à laquelle de nombreuses marques et célébrités ont déjà succombé.

Sans surprise, les comptes les plus suivis actuellement font partie du top 20 des plus gros comptes sur Instagram. En tête, nous retrouvons pour le moment Selena Gomez (5,4 millions de followers), Kim Kardashian (5,2 millions), Kylie Jenner (5 millions) ou encore Shakira (4 millions) 🧑‍🎤

Mark Zuckerberg a bien sûr lui aussi son propre profil, avec déjà 3,2 millions de followers.

Kim kardashian sur Threads  Mark Zuckerberg sur Threads Selena Gomez sur Threads

Ce n’est pas tout, des personnalités star d’autres réseaux ont réussi également à faire rapidement le buzz. C’est notamment le cas du YouTubeur le plus suivi au monde MrBeast (4,8 millions). 

Enfin, des marques reconnues comme à l’aise et drôles sur Twitter n’ont pas hésité non plus à rejoindre cette nouvelle aventure. Netflix, Burger King et Pepsi en tête

Netflix sur Threads Burger King sur Threads Pepsi sur Threads

Et le meilleur pour la fin : Agorapulse ! Notre équipe a été présente sur Threads dès le premier jour, pour discuter réseaux sociaux avec notre communauté.

Agorapulse sur Threads

Threads x Agorapulse : c’est pour quand ?

Tandis qu’on observe une certaine excitation autour de “Threads”, nous voulions partager à nos lecteurs l’état de nos connaissances pour l’instant sur ce sujet.

Vous vous posez certainement des questions. On y répond.

“Quand allez-vous ajouter Threads à Agorapulse ?”

Pour l’instant, nous ne connaissons pas le calendrier de lancement d’une API. C’est l’étape nécessaire avant de pouvoir intégrer un réseau social à notre outil.

“Quand Threads sera-t-il disponible en France ?”

Threads est déjà disponible dans plus de 100 pays dans le monde. Il le sera certainement dans d’autres pays dans les prochains mois. À l’heure actuelle, Threads n’est pas disponible dans l’Union européenne (UE), l’Espace économique européen (EEE) et en Suisse.

“Est-ce qu’on pourra bientôt publier sur Threads via Agorapulse ?”

Étant donné qu’il n’y a pas d’API, nous n’avons pas encore d’ETA (date prévue de mise en service) à vous communiquer.

“Quand pourrez-vous nous permettre de gérer nos mentions Threads dans Agorapulse ?”

Étant donné qu’il n’y a pas d’API, nous n’avons pas encore d’ETA (date prévue de mise en service) non plus pour les fonctionnalités de modération et de veille.

En résumé, voici ce que nous savons : il n’y a pas encore d’API et ils ne savent pas quand il y aura un lancement public de leur API. Quoi qu’il en soit, elle n’est pas encore disponible en Europe. Pour le reste, nous n’avons pas davantage d’informations. C’est le cas également de tous les autres partenaires de Meta.

Nous comprenons l’engouement du public pour Threads, mais à ce stade, c’est toute l’information que nous pouvons vous fournir. On vous tient informés 😉

Threads le nouveau réseau social, On a testé Threads. Le nouveau réseau social de Meta peut-il concurrencer Twitter ?

En conclusion : affaire à suivre…

Séduisant sur le papier, le nouveau réseau social Threads donne tout même l’impression d’avoir été sorti un peu dans la précipitation. Meta a fait savoir que Threads avait été créé par une équipe relativement restreinte, travaillant avec une méthode agile. Le groupe souhaitait probablement profiter le plus rapidement du contexte houleux qui secoue Twitter depuis son rachat. 

Au-delà des quelques manquements de fonctionnalité que nous avons évoqués, nous trouvons que pour le moment Threads ne réinvente pas la roue. C’est un clone de Twitter habillé en Instagram, avec cependant plus de bienveillance.

Le réseau n’a pas été pensé pour créer une nouvelle manière d’éditer ou de consommer du contenu, comme l’ont pu faire TikTok ou Snapchat dès leur création. Dommage que Mark Zuckerberg ne fasse pas preuve de plus d’audace pour le moment.

Vous n’avez pas encore testé Agorapulse ? Il ne vous faudra pas plus de 30 jours d'essai pour l'adopter !